C'était septembre est un roman polyphonique au contenu à la fois historique et intime. L'impression hésitante est que l'auteure nous raconte ici sa vie, mais le récit, beaucoup plus subtil, privilégie une invention à portée symbolique, politique et féministe. La narratrice depuis son enfance est passionnément attachée à une mystérieuse grand-mère paternelle qui emprunte certains de ses traits et de son histoire à la grand-mère maternelle de l'auteure ; c'est là une zone d'incertitude qui joue avec le contrat autobiographique et qui crée un brouillage plein d'énigmes et de poésie. Introspectif, peuplé de personnages pittoresques et d'intrigues, ce roman généalogique couvre une grande partie du XXe siècle jusqu'à nos jours. Il nous fait traverser le monde depuis le ghetto de Vilnius en Pologne jusqu'aux Amériques, mais son centre de gravité, au-delà du malheur historique, est une tragédie familiale dont la grand-mère préserve le secret et qui tient le lecteur en suspens.